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Article publié le
13/11/2017

Enseignement bilingue. Le développement de filières en panne ?

A notre demande, nous avons été reçus fin octobre par la DDEC du Morbihan, afin d’évoquer nos inquiétudes sur la filière bilingue, notamment lié à l’ouverture des filières et au recrutement d’enseignants qualifiés.

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Un décrochage inquiétant par rapport au réseau public (voir les données Fep en fin d'article)

Mr Gouraud nous assure que l’enseignement catholique souhaite tenir sa place dans le développement des filières: «L’EC représente 1/3 de l’offre et souhaite maintenir cette  proportion. Il continuera à répondre à cette demande sociale forte  qu’est l’enseignement en langues régionales dans notre région et assure qu’il n’y pas de concurrence avec le développement actuel des filières Montessori »

Il rappelle les moyens «plus chiches» avec lesquels doit faire l’EC par rapport à l’enseignement public. Point sur lequel, la fep réagit en demandant si le redéploiement national des postes,  au sein de l'enseignement catholique, entre les académies tient compte de notre spécificité régionale.  Un courrier au SGEC a été adressé pour le rappeler, nous assure   Stéphane Gouraud. 

 

Il  ajoute par ailleurs, que l’enseignement catholique ne peut agir de façon aussi volontariste que l’enseignement public. Il doit faire avec les chefs d’établissement et des équipes pas nécessairement favorables à la création d'une filière bilingue dans leur établissement. Les parents sont également  un facteur et le seuil de 10 élèves nécessaires à l’ouverture nécessite de les convaincre, ce qui n’est pas non plus toujours chose simple. Pour toutes ces raisons, la politique de l’offre préconisée par l’Office public de la langue bretonne n’est pas applicable selon lui dans le réseau.

 

En ce qui concerne la carte des pôles, l’EC va devoir y retravailler. Le document a été jugé trop imprécis en CALR (comité académique des langues régionales) par La FSU qui a demandé à ce que les pôles trop flous définis par l’EC  soient revus  (la fep-cfdt  n'y siège pas car elle siège à celui des langues vivantes étrangères, c'est le SGEN qui y siège pour la CFDT).

 

                  Mr  Gouraud reconnaît qu’en 2017, sur les 17 étudiants préparant le CRPE spécial «Langue Régionale», 7 l’ont passé et obtenu dans le public. Il se félicite par ailleurs que ces étudiants aient été bien formés et espère qu’ils véhiculeront une image positive de l’enseignement catholique...

 

 

Une Convention cadre état-région 2015-20 qui fixe des objectifs et permet des financements, quel bilan?

 

Selon Stéphane Gouraud: « le CAEC doit rendre des comptes face au soutien de l’état et de la région  et les rend bien.» Un DU « Métiers et Langue bretonne » a été créé et des  chargés de mission langue bretonne ont été nommés dans les différents diocèses.

 

En ce qui concerne les objectifs de ce plan Etat-Région,  les chiffrer est inacceptable, selon Stéphane Gouraud et l’Enseignement Catholique l’aurait d’ailleurs précisé lors de la signature de la Convention.   http://www.bretagne.bzh/jcms/JB080117_6202/fr/langues-de-bretagne

 

Et les enseignants?

Mr Gouraud  a mentionné l’existence d’un comité de pilotage constitué des directeurs diocésains, des chargés de mission, des responsables de service et des associations de parents d’élèves, Dihun et APEL et ne souhaite pas y associer les enseignants, ni les associer dans une autre structure d'ailleurs.

 

 

NOTRE ANALYSE

Il semble que l’enseignement catholique ne partage pas pleinement nos inquiétudes quant au fossé qui se creuse entre  le bilingue public et le bilingue privé sous contrat. Serions-nous trop alarmistes?

Sans minimiser les difficultés, bien réelles, auxquelles se heurtent les ouvertures de filières bilingues dans les établissements, force est de constater que pour tenir son objectif de conserver  un tiers des filières, l'enseignement catholique devra œuvrer à un développement conséquent.

 

Trouvera-t-il les moyens de ce développement?

 

Les moyens de convaincre:

Nous avons souligné l’importance de la communication autour des filières bilingues.

En externe elle ne saurait reposer uniquement sur l’association de parents Dihun et sur des moyens matériels (kakemonos) dont les Chefs d’établissement ignorent souvent l’existence.

En interne, parler de «freins» à l’intérieur des écoles: chefs d’établissement, équipes … doit alerter sur la nécessité de communiquer au mieux, de faire de la pédagogie au sein même de nos établissements et cela relève de l’institution.

Faire mention de l’enseignement bilingue dans les lettres de mission des nouveaux chefs d’établissement est un progrès mais on ne peut se contenter uniquement de cela.

Quels éléments seraient de nature à rassurer les enseignants monolingues?

Ce travail de communication ne se fait pas tout seul, ainsi l’absence depuis 2 ans de coordinateur en second degré est un frein au développement des pôles et à une gestion globale des filières.

Nous pensons que les enseignants bilingues ont aussi leur rôle et que la formation de groupe de travail réunissant les différents acteurs serait un plus pour la promotion et le développement des filières. 

 

Les « moyens » humains:

La FEP se réjouit de savoir que le SGEC a été alerté sur  notre spécificité régionale  et demande que quelques postes supplémentaires soient fléchés vers le bilinguisme. 

La Fep demande aussi, pour le breton, mais plus généralement pour toutes les spécialités, que le Sgec intervienne auprès du ministère pour augmenter le nombre de places offertes aux concours.

Le sort des enseignants bilingues formés (et bien formés) par les centres de formation de l’enseignement Privé Sous Contrat nous interroge. Attirer des étudiants dans les centres de formation sans pouvoir leur garantir un emploi dans l’enseignement privé est-ce  un objectif en soi?

 

Sans tout cela l’EC sera en difficulté de proposer des projets viables et solides qui correspondent aux attentes des familles et des enseignants.

 

DONNEES FEP

                  CONCOURS et OUVERTURES

 

Premier témoin de ce décrochage,  le nombre de postes  au CRPE privé  langues régionales qui est en constante diminution depuis 2015. A contrario, les postes au CRPE public ne cessent d’augmenter,   accroissant la différence entre les deux réseaux chaque année.  Il en va de même pour le second degré où il n’y a pas eu de postes ouverts au CAFEP l’an dernier.

 

 

 

Public bilingue

Privé bilingue

Différence

2014

24 (dont 2

Concours interne)

12

-12

2015

26 (dont 2

Concours interne)

18

-8

2016

42

10

-32

2017

50

8

- 42

Sources : synthèse CRPE ac-rennes

 

Cause ou conséquence de ce premier point, les ouvertures de nouvelles filières de l’enseignement catholique sont très faibles. Entre 2015 et 2017, l’EC ouvre seulement 3 nouvelles filières (Landévant et Questembert en 2016, Dinan en 2017) et en ferme 2 (à Noyal-Pontivy en 2016 et à Plumergat en 2017)  pendant que l’enseignement public crée de son côté 21 nouvelles filières.  Dans ce contexte, la situation du Finistère, département moteur pour ce qui concerne l’enseignement en langue bretonne, préoccupe particulièrement,   car dans le 29 aucune ouverture n’a eu lieu depuis 2014.

 

 

PRIMAIRE

Catholique

Public

Diwan

2015

0

3

1

2016

2 ( -1)

8

0

2017

1  (-1)

10

1

 

+1

+21

+2

Sources : Office Public de la Langue Bretonne - OPAB

 

Dans le secondaire,  la tendance apparaît   plus volontariste avec l’ouverture récente de 2 nouvelles filières-collège à Pont l’Abbé (29) et Brech (56) mais n’atténue pas l’impression de décrochage.

 

                  CARTE DES POLES

 

Troisième point abordé par la Fep,  la carte des pôles  (instituée par la Convention Etat-Région de 2015) 2018-19 proposée récemment par l’EC : Les  projets  présentés sont en effet quasi identiques à ceux de 2016-17 et  à l’opposé du public, ne précisent pas clairement les communes d’implantation.

 

                  CONVENTION

 

Petit rappel :

Signée en  octobre 2015, la convention Etat-Région (Convention spécifique pour la transmission des langues de Bretagne et le développement de leur usage dans la vie quotidienne 2015-2020)  prévoit de développer l'enseignement bilingue français-breton et de renforcer l'attractivité des langues  régionales. L’objectif est d’accroître les capacités d’accueil avec une attention soutenue en faveur de l'ouverture de classes dans le primaire et de réduire les places vacantes. Pour ce faire, un soutien est accordé par la région au  Comité académique de l'Enseignement catholique (CAEC) ainsi que des dotations particulières aux collèges et lycées. Ce soutien peut être également départemental,  c’est le cas notamment pour le Finistère,  210 000 € accordée à l’Enseignement Catholique en 2013* pour l’initiation et l’enseignement du breton.

* Source : La promotion de la langue bretonne- Les évaluations publiques du Conseil général du Finistère 


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