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Article publié le
14/10/2021

Projet Local d’Evaluation (PLE) au lycée général et technologique, rentrée 2021, SOYONS VIGILANTS !!

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La réforme du lycée et du Baccalauréat a été mise en place à la rentrée 2019 avec l’introduction de la prise en compte du contrôle continu pour l’obtention du Baccalauréat à travers les bulletins de 1ere et terminale (10 % du total) et des épreuves dites de contrôle continu (E3C) sur le cycle terminal (3 séries d’épreuves comptant pour 30 % du total du Bac pour les matières du tronc commun qui ne sont alors plus évaluées lors d’une épreuve terminale).

Cette réforme avant même d’être appliquée est déjà modifiée avec la suppression des E3C et par suite une prise en compte des notes des bulletins du cycle terminal à hauteur de 40% dans la notation du bac pour les matières du tronc commun et la spécialité abandonnée en fin de première. Les modalités d'évaluation des candidats à compter de la session 2022 sont fixées dans la note de service au B.O. numéro 30 du 29 juillet 2021.

Pour beaucoup, cela signe la fin du diplôme national que représentait le Baccalauréat. Avec cette réforme, les inquiétudes sur l’égalité du traitement des candidats sont évidentes car les notes mises au cours des deux années de première et terminale deviennent « certificatives » : L'enseignement de spécialité suivi uniquement en classe de première (coefficient 8) ; L'histoire-géographie, l'enseignement scientifique dans la voie générale, les mathématiques dans la voie technologique, la langue vivante A, la langue vivante B et l'éducation physique et sportive (respectivement affectés d'un coefficient 6) ; L'enseignement moral et civique (coefficient 2). En choisissant de supprimer des épreuves terminales et nationales du bac, le Ministre décide de faire reposer sur les enseignants et les établissements le poids de ce changement et de les en laisser assumer les conséquences.

Deux textes législatifs sont parus cet été : le décret n°2021-983 du 27 juillet 2021 modifiant les dispositions du code de l’éducation relatives au baccalauréat G et T et un arrêté réglementaire le 27 juillet 2021 (Journal Officiel n°0173 du 28 juillet 2021) portant adaptation des modalités d’organisation du baccalauréat G et T à compter de la session 2022. Dans ce dernier texte, il est fait mention d’un projet d’évaluation (article 2) : « L’organisation du contrôle continu pour le baccalauréat général et technologique fait l’objet d’un projet d’évaluation travaillé en conseil d’enseignement, validé en conseil pédagogique et présenté au conseil d’administration dans les établissements publics d’enseignement, et élaboré dans le cadre d’une concertation au sein de l’équipe pédagogique dans les établissements privés ayant passé un contrat avec l’état. » On peut déjà noter que le terme « validé » est abusif et inapproprié car le conseil pédagogique émet des avis, fait des propositions mais ne « peut porter atteinte à la liberté pédagogique des enseignants » (article L421-5 du code de l’éducation).

 

Pour cadrer notre réflexion sur l’évaluation, est donc paru ce 10 septembre le « Guide de l’évaluation des apprentissages et des acquis des élèves dans le cadre de la réforme du Lycée général et technologique ». Celui-ci propose des « principes communs, des préconisations par disciplines et des préconisations pour le pilotage général de l’évaluation ». Il s’agit de mettre en place un politique d’évaluation d’établissement, un « projet local d’évaluation » (PLE), qui fera l’objet d’une communication transparente et anticipée aux élèves et à leurs représentants légaux. Si la note de service du BO multiplie les précautions de langage, ce guide est lui très prescriptif dans sa forme : le ministère a déjà remis en question son préambule en Conseil Supérieur de l’Education, précisant qu’il n’avait pas la valeur d’une circulaire et n’était que des préconisations, qu’il ne devait être intégré ni au projet d’établissement ni au règlement intérieur.

 

La lecture épuisante de ce document, laisse songeur : c’est un amas de préconisations sur le nombre d’évaluations minimum à faire, les modalités, la nature des évaluations, les périodes adéquates, la constitution des moyennes, … On y trouve des concepts innovants de notes provisoires, notes plancher, notes réversibles, notes co-élaborées, des évaluations concernant plusieurs matières mais corrigées par un seul enseignant. Des projets d’évaluation très lourds dans des matières qui n’ont que 0,5 ou 1 heure d’enseignement par semaine. Toutes les matières sont abordées avec un détail suffocant pour des recommandations sur le cycle terminal mais également pour la classe de seconde alors qu’elle n’est pas concernée par les textes législatifs.

Le guide insiste sur la mise en place de devoirs communs qui s’appuieront notamment sur la banque nationale de sujets des E3C (BNS) avec dans certaines matières un nombre prescrit de ces devoirs. Finalement le ministère demande aux enseignants et établissements d’organiser en interne les fameuses épreuves E3C si problématiques dans leur mise en place qu’elles ont été supprimées avant d’exister ! La concertation des équipes est également omniprésente. La concertation préconisée est quasiment impossible à mettre en place en regard de la charge de travail à laquelle nous sommes déjà confrontés. La nature des différentes évaluations à faire est précisée avec force détails induisant une complexité lourde de fonctionnement et un déroulement très contraignant sur les trimestres.

Finalement se pose la question de ce qu’il faut faire de ce guide, de sa valeur et de ce qu’il faut indiquer dans le PLE :

Outre la complexité des recommandations, la lourdeur du fonctionnement ainsi généré et le manque de prise avec la réalité de notre quotidien, le PLE pourrait devenir un véritable carcan pour notre pratique voire un moyen de contrôle par les familles, réduisant notre liberté pédagogique au travers d’un plan d’évaluations contraint.

Les textes législatifs (décrets et partie législative du code de l’éducation) garantissent la liberté pédagogique des enseignants dans le respect des programmes (Art. L912-1-1 code de l’éducation) et fixent leur souveraineté en matière d’évaluation (Art. L912-1). Ce sont les seules obligations qui s’imposent aux enseignants. Ce guide n’a pas de portée réglementaire et ses préconisations ne peuvent être imposées.

Il sera important d’être vigilant, de ne pas « valider » en conseil pédagogique un PLE contenant des mesures contraignantes pour tous. Il faudra rester très vague (dans la mesure du possible…, on pourra organiser …, les enseignants peuvent s’ils considèrent comme adapté …), ne pas indiquer de nombre minimum d’évaluations, ni de types d’évaluation. Le PLE dans son préambule doit rappeler que les enseignants sont chargés de leur mission dans le cadre de leur liberté pédagogique.

Pour ce qui est de l’évaluation des apprentissages au quotidien, l’enseignant doit rester maître de ses choix qu’il est d’ailleurs le seul capable de faire. A vouloir faire de nous des exécutants, le ministère risque de mettre à mal notre créativité et notre adaptabilité face aux situations du quotidien qui sont pourtant les moteurs de notre pratique et finalement notre motivation.

 

 

 

 


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