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Article publié le
15/11/2022

Rentrée 2022 : L’enseignement des langues régionales, entre espoir et tourment

Ce sont sous les auspices d’un nouveau ministre de l’éducation Pap Ndiaye que l’enseignement du breton a fait sa rentrée en septembre.

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 Les défenseurs de la langue bretonne avaient fondé beaucoup d’espoirs en 2021 dans la loi Molac. L’adoption de celle-ci a permis certes des avancées mais « retoquée » sur certains points par le Conseil constitutionnel, cette loi a pu jeter le trouble sur la question de l’enseignement immersif. Interrogé par Iñako Echaniz, député des Pyrénées-Atlantiques, lors d’un travail en commission le mardi 2 aout, M. Pap Ndiaye a déclaré avoir un « intérêt bienveillant » à l’égard des langues régionales tout en rappelant la place prééminente du français comme langue de la République. On peut certes se réjouir de la modification du code de l’éducation (à l’issue de l’adoption de la loi Molac) qui précise notamment que « dans le cadre de conventions [...] , la langue régionale est une matière enseignée dans le cadre de l'horaire normal des écoles maternelles et élémentaires, des collèges et des lycées sur tout ou partie des territoires concernés, dans le but de proposer l'enseignement de la langue régionale à tous les élèves”. On constate malheureusement que pour l’heure, nous sommes loin du compte. Or la demande sociale pour le breton est de plus en plus prégnante. Malheureusement, il manque cruellement de professeurs bilingues et les parents motivés doivent parfois se résoudre à scolariser leurs enfants dans des classes monolingues. La situation devient ubuesque lorsque certains de ces enseignants en capacité de dispenser ces cours en breton se retrouvent en poste en dehors de la Bretagne ! Par-delà la question du breton, on ne cesse depuis deux ans de rappeler que les vocations pour l’enseignement se font de plus rares. On nous a parlé d’un « choc d’attractivité » pour remotiver les troupes. La revalorisation salariale suffira-t-elle ? Que propose-t-on aujourd’hui à un enseignant qui veut se lancer dans l’enseignement bilingue ? Lorsqu’on observe un épuisement général dans le monde enseignant, cette fatigue est encore plus grande chez les enseignants du bilingue qui n’ont pas toujours le sentiment d’être soutenu ou reconnu par les institutions (rectorat, établissement ou ddec). On peut toutefois se féliciter de la démarche volontariste du Conseil régional qui s’est engagé pour les 6 années à venir dans une nouvelle convention en faveur des langues régionales. Espérons que l’objectif d’accroitre le nombre de jeunes locuteurs sera atteint (il s’agirait de passer de 19 000 élèves en 2022 à 30 000 élèves pour 2027 !). Il n’en reste pas moins que certaines questions restent en suspens : Quid de « Diwan » et de sa pédagogie immersive devenus inconstitutionnels après l’ouverture de la boite de Pandore constitutionnelle (Jean-Michel Blanquer à la manœuvre). Quelle place le breton peut-il avoir aujourd’hui dans la réforme du bac et la transformation du lycée ? Peut-on tout simplement suivre toute une scolarité en breton du collège et au lycée sans être évalué dans cette langue lors des épreuves certificatives du DNB et du bac ? 

Entre les belles paroles serinées sur la « nécessaire protection de notre richesse patrimoniale » en France et les entraves par trop souvent systématique à l’épanouissement et au développement de nos langues, les défenseurs du breton comme du gallo peuvent effectivement avoir le sentiment d’être tirés à hue à dia. Historien, un parcours universitaire brillant, le professeur Pap Ndiaye, spécialiste des minorités, sera-t-il le ministre de l’éducation qui révolutionnera l’enseignement des langues minoritaires de France ? Gortoz pell, gortoz gwell dit-on en breton (savoir attendre pour avoir le meilleur !). Peut-être faut-il aussi battre « le fer tant qu’il est chaud ». Nous avons avancé avec la loi Molac mais nous ne sommes encore qu’au milieu du gué. Labour zo c’hoazh. Betek an trec’h. (Il y a encore du travail. Nous ne faiblirons pas). 

La Fep-Cfdt s’est engagée pour la défense de l’enseignement du breton, à travers les actions menées ces dernières années. Au niveau régional mais aussi au niveau national, elle continuera à soutenir l'enseignement des langues régionales et à œuvrer au côté des enseignants pour le maintien et le développement de cet enseignement tant immersif que paritaire.

Steven Ollivier, FEP29 

 

 


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